Un monde de rêve

Voici quelques explications pour bien comprendre les paroles de cette quatrième composition basée sur Le Signe du Fils de l’homme.

[1] Pour avoir écouté le Serpent et croqué dans le fruit défendu qui devait les rendre comme des dieux, l’Homme et la Femme se sont écroulés au pied de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Cette introduction fait évidemment référence à l’épisode de la Chute (Genèse 3, 1-24) et à l’interprétation que j’en donne dans les deux tomes de mon roman. Voir en particulier les pages 129-130 et 347 du tome 1 (cette dernière page étant citée sur le site de Zorobabel Guru au chapitre “Signature”). Dans le tome 2, se reporter aux pages 119-120, puis au chapitre intitulé : “Au pied de l’arbre de la connaissance du bien et du mal”, ainsi qu’aux pages 125, 129…

[2] Croquer dans ce fruit interdit, c’est comme expérimenter le plus pernicieux des hallucinogènes, car l’overdose est certaine dès la première prise. Celles et ceux qui commettent l’erreur de goûter au bien et au mal tombent sans transition dans un monde artificiel qui n’a rien d’un paradis, car douleur, travail et mort deviennent aussitôt leur lot commun. L’illusion est totale, et le réveil impossible sans recourir au traitement adapté : le Baptême…

Les pages citées ci-dessus permettent de comprendre ce paragraphe. Douleur, travail et mort font référence aux versets 16 à 19 du troisième chapitre de la Genèse. Noter qu’en français, d’après l’étymologie, travail signifie torture. Par ailleurs, il y a dans ce paragraphe une référence à cette citation des Entretiens de Houang-po 1️⃣ (page 83) : Ne pensez ni au bien ni au mal et sur le champ vous sortirez du triple monde !

[3] Seul un lavage non pas d’estomac mais d’esprit peut arracher le malade à son trip avant que la seconde mort la vraie, pas celles ou celle dont il rêve ne l’emporte. Voilà pourquoi il est dit qu’à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu, c’est-à-dire revenir à la Réalité, au paradis perdu. L’eau du Baptême versée sur les têtes est la métaphore gestuelle de l’élimination de l’esprit impur par la Parole, celle du Docteur penché sur les corps qui dépérissent au pied de l’Arbre, parole qui descend dans leur rêve et s’y incarne pour les ramener à la Vie…

Ce paragraphe explique que le geste du baptême (i. e. de l’eau versée sur les têtes) représente un lavage d’esprit, parce que celui-ci devient impur quand on y met des mensonges, des idées fausses qu’il faut éliminer car l’Esprit n’est pas un dépotoir ! La naissance de l’eau et de l’Esprit fait référence au début de l’entretien de Jésus avec Nicodème (Jean 3, 1-8) et elle est abordée dès le début du tome 1 du Signe du Fils de l’homme au chapitre “Changer son esprit”. Pour illustrer l’élimination de l’esprit impur par la parole, voici un extrait du chapitre du tome 1 intitulé “Le Témoignage” :

« Jésus dit : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas (Marc 13, 31), contredisant ainsi radicalement l’image de la réalité qu’ont en tête toutes les victimes de l’esprit impur. Mais que veut-il dire ? Que sa parole est réelle, mais que le ciel et la terre ne le sont pas ! “Celui qui vient du Ciel” témoigne fidèlement de ce qu’il a vu, mais personne n’admet sa vision des choses, les hommes préférant se fier en leurs “découvertes”. Oserez-vous prendre le contre-pied des mensonges dont ils vous ont gavé ? Vous seriez alors bien inspiré car, dans le monde en voie d’extinction qui est le vôtre, seule la parole que Jésus a dite est réelle. Il n’y a ici-bas aucune autre réalité sur laquelle vous puissiez vous appuyer. C’est pourquoi il est dit que la Parole vous jugera au dernier jour : fiez-vous à elle comme à une planche de salut, et vous vivrez ; placez votre confiance en n’importe quoi d’autre, et vous êtes mort. Voici une parabole qui vous aidera à distinguer la réalité de la Parole, de l’irréalité du Monde…

Une nuit, un père est alerté par les plaintes de son enfant. Ce dernier, en proie à une fièvre intense, délire dans son sommeil. Le père lui parle, essayant de le réveiller : ses paroles sont plus réelles que le monde terrifiant dans lequel l’enfant se débat ; elles descendent jusqu’à son esprit qui sombre dans l’inconscience, et tentent de le ramener à la réalité. Et voilà qu’elles font naître chez l’enfant qui rêve l’image rassurante du père venant à son secours. L’enfant “voit” son père se pencher sur lui et, dans un sursaut, se jette, confiant, dans les bras qui le soulèvent de terre. D’un coup, les visions, jusque-là terriblement réelles, s’évanouissent. L’enfant reprend connaissance : il est blotti dans le sein de son père, et la voix qu’il entendait dans son sommeil est toujours là qui le réconforte, alors que le monde effrayant, lui, n’existe plus… »

Pour compléter cette citation de mon roman épistolaire et initiatique, en voici une autre provenant du chapitre du tome 1 intitulé “Rêve et Réalité” :

« Petits enfants, cher lecteur ou chère lectrice, vous voici au cœur du problème. Au plus près du mécanisme qui tue l’Homme et la Femme, de cette logique qui fait de la connaissance du bien et du mal la cause exclusive de la mort n’en déplaise à tous ceux qui scrutent la chair, escomptant y trouver la clé de l’immortalité. Encore une fois : C’est l’esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien (Jean 6, 63). Si vous mettez votre confiance en cette parole du Christ et rejetez les inventions des faux prophètes, vous comprendrez alors pourquoi une “connaissance” est à l’origine de la mort, et non la dégradation de quelque processus physiologique. En vérité, c’est quand l’esprit prend connaissance du bien et du mal qu’il devient impur et tombe dans ce monde de mort, comme un drogué tombe dans un coma mortel après une overdose.

Celui qui se trouve sous l’influence d’un hallucinogène voit des objets et des êtres qu’il considère à tort comme réels. Se représentant souvent lui-même dans son rêve sous diverses formes, il croit y vivre toutes sortes d’aventures pas toujours agréables. Parfois, il s’imagine mourir. Puis le rêve reprend, après un temps d’aberration et d’extrême angoisse, mais ce n’est là que la première mort… Une moitié du Monde pense qu’on ne la subit qu’une fois ; l’autre moitié, d’innombrables fois, les renaissances pouvant alors se faire sous différentes formes. Bien que ce premier trépas paraisse dramatiquement vrai, il n’en est rien : seule la seconde mort est réelle. Autrement dit, c’est quand le drogué succombe à ses pratiques sans avoir pu revenir à la réalité que tous ses rêves se brisent à jamais. Voilà pourquoi je vous le dis à vous, mes amis : ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus (Luc 12, 4).

Car tous les êtres de ce monde sont comparables à ceux que vous voyez en rêve (vous y compris) : comment pourraient-ils sortir du rêve, entrer dans l’état de veille (la Réalité) et faire encore plus de mal ? Pourquoi croyez-vous que Dieu laisse passer injustices, génocides, holocaustes et atrocités en tous genres sans s’interposer ? Ce n’est pas parce qu’il n’existe pas, comme le clament ses ennemis, mais parce que le pire se situe à un autre niveau que celui du cauchemar aussi réaliste et terrifiant soit-il.

Comment un père défend-il son enfant contre ceux qui le maltraitent en rêve ? Descend-il dans le cauchemar pour mettre en déroute les tourmenteurs de son fils, ou tente-t-il de réveiller celui-ci ? Ne vous y trompez pas, seule la parole que le père prononce pour ramener son enfant à la réalité peut descendre dans le cauchemar et s’y “incarner” pas le père lui-même ! Si l’enfant voit son père, ce n’en est que l’image l’image du Dieu invisible (Colossiens 1, 15). Il en est de même de celui qui rêve et de tous ceux qu’il côtoie et croit réels. Ce qui explique que la soi-disant “chair” n’héritera jamais du royaume de Dieu : il n’y a en effet que dans la littérature et le cinéma fantastiques qu’un être de rêve ou de cauchemar entre dans la réalité. »

[4] Voilà pourquoi les humains ne vivent pas que de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu : elle seule peut les réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Dans le passé évanescent qu’ils s’efforcent en permanence de retenir et de fixer, leur rêve a souvent viré au cauchemar, mais la tournure qu’il prend aujourd’hui ne laisse aucun doute quant à l’imminence de la Fin.

Ce paragraphe commence par la réplique de Jésus à Satan rapportée par Matthieu (4, 4). Les gens du monde essaient constamment de retenir les visions fugitives de leur rêve afin qu’elles paraissent plus réelles, comme fixées à jamais dans l’Histoire, dans le but de les enseigner aux générations montantes, mais cette culture historique contient beaucoup d’éléments cauchemardesques ; par exemple les deux tentatives de suicide de l’espèce qu’ont été la première et la deuxième guerre mondiales, lesquelles ont échoué faute de moyens adaptés, mais la troisième sera la bonne car les Hallucinés ont amassé suffisamment d’armes de destruction massives pour incendier leur monde de rêve, c’est-à-dire en réalité pour qu’Adam et Ève meurent d’inanition faute d’avoir pu se nourrir de la parole de Dieu pour cause d’inculture biblique et d’apostasie généralisées.

J’ai employé à dessein le verbe “fixer” pour renvoyer à une parole de l’Éveillé (Bouddha), reproduite page 138 des Entretiens de Houang-po 1️⃣ : Ce qu'il lui faut, c'est avoir des pensées sans que jamais elles ne se fixent. Car si son esprit se fixe en un point, il ne sera jamais vraiment fixé. Les Hallucinés font tout pour fixer à jamais leurs visions de rêve dans le temps et l’espace, alors que rien dans leur présent n’est réel, à part la Parole qui descend du Ciel et qui semble s’incarner dans leur monde de rêve…

[5] Ainsi, les guerres et les révolutions (cavalier au cheval rouge), les problèmes économiques et les famines (cavalier au cheval noir), les épidémies (cavalier au cheval vert) et les dérèglements climatiques (puissances des cieux ébranlées) ne sont-ils que la traduction dans ce monde de rêve de l’agonie d’Adam et Ève.

Ce paragraphe provient de la page 126 de “l’Ouverture du 7e sceau” (tome 2 de mon roman). Ces fléaux font référence aux trois derniers des quatre cavaliers de l’Apocalypse (6, 3-8). Les puissances des cieux ébranlées sont mentionnées par Luc en 21, 26.

NOTE

1️⃣ Les Entretiens de Houang-po (Les Deux Océans, Paris 1985).